En se banalisant, le terme de burn-out semble indiquer un phénomène nouveau qui se propage dans tous les secteurs professionnels.
Nombre de personnes se confrontent à une détresse inédite face à l’intensification irrésistible de leur activité.
Les limites qu’il semblait possible et légitime de poser jusqu’alors semblent se dissoudre sans prévenir.
Sans doute l’accélération généralisée des flux d’information y contribue-t-elle grandement.
Mais peut-être ne fait-elle qu’amplifier une mutation qui s’est opérée tout au long du XXème siècle.
En effet, le travail s’inscrit chaque jour davantage dans des procédures imposées par des systèmes d’organisation et d’information au nom de l’efficacité technique et managériale.
Chaque personne qui travaille est ainsi amenée à intégrer à son activité un ensemble d’injonctions formelles et rythmiques, qui sollicitent à plein ses capacités d’adaptation.
Or ce processus d’adaptation au travail trouve une limite que le philosophe Paul Ricœur, dans le texte Travail et parole, décrit comme la perte dans le geste dénué de sens, dans l’activité au sens propre insignifiante, parce que sans horizon.
Le phénomène du burn-out ne ramène-t-il pas à la question même du sens du travail, dont la perte précipiterait dans la consumation de toute ressource ?
Pour faire limite à l’épuisement, peut-être s’agit-il, comme y invite Paul Ricœur, de contre-battre l’objectivation par la réflexion ?
Et pour cela de considérer la capacité de penser comme une véritable ressource humaine.
Daniel Migairou, février 2019