À venir
Sans vacance, pas d’avenir. Pourquoi ?
Pour que quelque chose vienne, encore faut-il qu’il y ait de la place.
Si l’on remplit, si l’on bâtit, si l’on construit, si l’on meuble tout l’espace et le temps par des continuités cohérentes, rien ne peut advenir que du déjà connu.
Laisser place vacante est un travail, un travail d’essartage, d’espacement.
Ce qui survient
Ce qui survient surprend, et nous prend parfois au dépourvu.
Cela vient d’en haut et tombe comme la foudre.
Que ce soit pour le meilleur – l’inattendu, parfois l’inespéré -, ou pour le pire, quand le réel fait effraction, redistribue les cartes, imprime sa marque sur le territoire du vécu.
Ce qui convient
Ce qui convient conforte l’existant, épouse les contours des environnements, en suture les failles.
Les apparences prennent consistance, leur texture s’unifie, de plus en plus lisse, offrant le reflet d’une permanence.
Cela vient avec, avec ce qui va et ce qui ne va pas, dans un même mouvement qui crée et renforce la continuité.
Ce qui revient
Ce qui revient rassure, ou inquiète ; en tout cas, ça ravaude, ça recoud.
Quelque chose se répète, et nous voilà faisant l’expérience de re-connaître, et parfois nous y retrouver.
Avons-nous vraiment renoncé à croire à l’éternel retour ?
Ce qui prévient
Ce qui prévient n’est pas toujours audible ni tout simplement perçu, alors même que ça veille.
Pour le repérer ou l’entendre, encore faut-il se rendre disponible, n’être pas accaparé par le maintien des continuités rassurantes.
Car cela vient au devant, s’annonce, s’esquisse : il reste, à qui le peut, à l’interpréter.
Ce qui advient
Ce qui advient avertit.
Apparaît au présent, s’impose, infléchit le moment.
Cela indique le sens, comme le vent dans les voiles : à chacun de naviguer.
In venire
Parfois, cela vient dedans, là où du vide n’attend rien mais s’ouvre.
Pour dire cela, il y a en latin le verbe in venire, qui donne en français inventer.
L’invention donc, entre étonnement et découverte.
Daniel Migairou, septembre 2020